Riche en évènements sur notre littoral, Cette année 2016 écoulée a pris une tournure qui nous a signifié que notre association LPBS ne doit pas seulement rester le « guetteur d’idées » vigilants (Robert Mallet) mais doit informer et agir pour les personnes vivant en Picardie maritime.
La prise en compte du patrimoine culturel maritime picard doit encore progresser et veiller à ce qu’il reste bien vivant (Somme II).
D’un autre côté, la vulnérabilité propre au littoral (l’érosion de la côte, la submersion possible des Bas-champs) et la prévention du risque sont encore mal ancrées dans notre conscience et dans notre quotidien ou bien agacent, « donnent des boutons » à certains.
Notre action en ce sens, avec le maximum d’écoute doit être apportée avec une attention particulière à nos jeunes mais aussi à leurs parents et bien entendus, aux nouveaux arrivants qui viennent pour un jour, pour vivre temporairement ou en permanence parmi nous.
La culture du risque, intelligente, en prospective aussi, a encore du mal à se faire un chemin (mais pas que sur le littoral picard, du reste).
Encore un plan de prévention des risques naturels de plus sur le littoral picard !
Celui du Marquenterre – Baie de Somme !
A-t-on entendu tout au long de cette année passée.
Certes, la mer est une ressource mais elle est aussi un danger permanent. Là où quelques hameaux s’étaient autrefois perchés sur des foraines, ces anciens bancs de galets quasi insubmersibles, se sont maintenant installés des lotissements, des habitations. L’hôtellerie de plein air (terrains de camping) parmi d’autres activités, s’est développée en grande partie dans les Bas-champs. Pour ne prendre que cet exemple, lorsque la ville de Rue avec son port attenant, vivait son âge d’or au XVe siècle, elle ressemblait à une île entourée et protégée par d’immenses marais. Puis la mer s’est progressivement retirée avec la connivence des hommes qui ont construit les renclôtures ce qui correspond à des polders en picard.
Sur le littoral lui-même, actuellement et à l’échelle de quelques décennies, certains s’inquiètent de voir le trait de côte changer aussi rapidement. Ils constatent la destruction de certains ouvrages de protection contre la mer et la menace imminente qui pèse sur les maisons en front de mer. Et pourtant que d’argent déboursé pour mettre à l’abri les Cayolais les plus exposés grâce à des épis en béton ! Ces préoccupations prennent de plus en plus le pas sur l’insouciance et le déni qui ont pu prévaloir auprès de riverains.
Les dernières recherches concordent pour dire que l’élévation du niveau des mers est incontestable et ne peut que s’amplifier au cours de ce siècle avec, en particulier, une intensification des tempêtes, des submersions marines et de leurs effets en cascade.
Que peut-on faire alors ?
Au niveau international et national, des études scientifiques et des prises de décision se sont enchaînées. Mais quelle en est la logique ? Nous connaissons mal cette multitude de conférences et de décisions qui aboutissent à des projets capitaux comme des plans de préventions des risques naturels (PPRN pour les initiés) dont la rigidité dans l’application irrite – voire inquiète – et semble surtout démesurée. La population, avec son capital de biens et de patrimoine matériel et immatériel, doit-elle bouger au rythme des tempêtes à venir ?
Il est temps de faire le point, localement, pour pouvoir aller plus loin, pour pouvoir s’adapter en toute intelligence. Le rapport du Sénat « Xynthia, cinq ans après : pour une véritable culture du risque dans les territoires » est un document majeur et malheureusement peu connu des citoyens que nous sommes, à proximité du littoral. Christian Manable est le co-auteur avec le sénateur François Calvet de ce rapport diligenté par la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation ; il nous livrera ses observations, ses convictions aussi, à la fin de notre assemblée générale.
Nous savons que la prospective, en réalité souvent déjouée, permet cependant d’envisager un avenir pas nécessairement sinistré mais vivable, viable et supportable. Cette étape se glisse déjà dans nos esprits.
Alors je pourrai conclure ce rapport moral ainsi :
S’informer, prévenir, certes, et pourquoi ne pas tenter de transformer le risque naturel en atout ?